Katarina Bivald, « La bibliothèque des coeurs cabossés »


Cabossés blog

2 sur 10

Quand j’ai entendu parler de La bibliothèque des coeurs cabossés, je me suis dit qu’il était fait pour moi : une histoire de petite ville américaine avec de la solidarité, de l’humour, et surtout, une ode aux livres. Un roman dé-bor-dant d’amour pour les livres. J’ai commencé à tiquer quand j’ai lu le bandeau qui entoure l’objet : « Si vous avez aimé Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, VOUS ALLEZ ADORER ». La barre est d’emblée mise très haut. Beaucoup trop haut.

envie

Tout commence par les lettres que s’envoient deux femmes très différentes : Sara Lindqvist, vingt-huit ans, petit rat de bibliothèque mal dans sa peau, vivant à Haninge en Suède, et Amy Harris, soixante-cinq ans, vieille dame cultivée et solitaire, de Broken Wheel, dans l’Iowa. Après deux ans d’échanges et de conseils à la fois sur la littérature et sur la vie, Sara décide de rendre visite à Amy. Mais, quand elle arrive là-bas, elle apprend avec stupeur qu’Amy est morte. Elle se retrouve seule et perdue dans cette étrange petite ville américaine.

[J’arrête ici la présentation de l’éditeur car la suite révèle bien trop de choses]

Mon avis

J’aurais voulu aimer ce livre, vraiment. Mais pour moi, il est vide, creux, nada. L’histoire, d’abord, qui est tout de même révélée jusqu’à une bonne moitié par la quatrième de couverture. À la décharge de l’éditeur, je comprends un certain désarroi quand il faut tenter les potentiels lecteurs et lectrices avec un roman où il se passe si peu de choses. Parce que vraiment, ce roman fourmille de bonnes idées mais rien n’est vraiment exploité ni abouti. Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions? Eh bien, c’est exactement ce que j’ai ressenti en lisant ce roman. Car des bonnes intentions, il y en a.

D’abord, une bonne idée de base : Sara la Suédoise doit rencontrer pour la première fois son amie américaine, mais quand elle arrive dans son tout petit village perdu au fin fond de l’Iowa, elle apprend que celle-ci vient de décéder. Je m’attendais à plus de stupéfaction de la part de la protagoniste. J’espérais que son chagrin et sa désorientation dans ce bled paumé soient un peu mieux décrits. Et puis un certain choc des cultures, tout de même. Mais non, rien.

Ensuite, un aspect que j’adore quand il est bien traité : une galerie de personnages assez hauts en couleurs, qui ont leurs failles, leurs faiblesses et surtout une identité propre. J’ai mis un temps hallucinant à être capable de faire la différence entre les personnages tant ils sont dénués de nuances, de psychologie. Ils parlent tous de la même façon et sont bourrés de clichés.

En résumé, l’auteur passe totalement à côté des deux bonnes idées qui sont à la base de son roman. Cela m’aurait sans doute moins dérangée si j’avais trouvé le roman drôle. Je l’aurais alors considéré comme un comédie télévisée que je prends plaisir à regarder après une journée de boulot. Mais même l’humour est raté. J’ai identifié de nombreuses tentatives, mais aucune ne m’a fait sourire.

Et surtout, je déplore le total manque de style. Je n’ai relevé aucune erreur de langue ou de grammaire, mais le style est d’une telle platitude que la simple lecture du roman en était rendue désagréable. Je me suis pourtant forcée, jusqu’à la dernière page, attendant le twist, la révélation qui me ferait changer d’avis et me ranger à la flopée d’avis dithyrambiques que récolte ce bouquin. Sauf que rien n’est venu. La fin, je l’avais devinée en lisant la quatrième de couverture et le style n’a pas changé au fil des pages.

Le seul élément qui sauve un tout petit peu ce roman, c’est tout l’amour qu’il dégage effectivement pour les livres. J’ai senti une auteur véritablement passionnée par la lecture, et lire sa façon de dire cet amour m’a fait chaud au coeur. Mais c’est bien la seule chose que j’ai appréciée (sans compter la bonne odeur de papier et la jolie couverture, qui a une texture mate et douce comme j’aime).

conclusion

En arriver à vanter l’odeur du papier et la texture de la couverture, c’est vraiment dommage. Alors oui, ce livre est une ode aux livres. Mais l’intrigue inexistante n’est à aucun moment soutenue par des personnages ou un style qui donne envie de tourner les pages. Vous avez aimé Le cercle littéraire des épluchures de patates? Je vous comprends. Mais si vous voulez vous replonger dans son atmosphère, relisez-le au lieu de vous lancer dans cette lamentable histoire qui n’arrive pas à la cheville de celui qu’on cite comme son modèle.

11 réflexions sur “Katarina Bivald, « La bibliothèque des coeurs cabossés »

  1. Je comprends tout à fait ton ressenti, car j’ai pensé la même chose à divers moments de ma lecture. Ce qui a sauvé le bouquin, pour moi, c’est la description vraiment sympa de Broken Wheel en temps que petite ville à demi abandonnée (pas les habitants, vraiment, la ville en elle-même) et le côté diablement efficace de l’intrigue.

    Car c’était vraiment atrocement cliché, on voyait venir la fin dès l’entrée en scène de Tom, il n’y avait somme toute aucune surprise, pourtant j’ai fini par prendre plaisir à ma lecture. Certains personnages ont même fini par me toucher, comme George ou Caroline, et pourtant je les trouvais très plats au début…

    Je crois que c’est la première fois qu’un livre qui m’énerve autant au début de ma lecture arrive à se rattraper par la suite…

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    • Merci pour ta lecture attentive, Emily !! Vu mon avis négatif, je craignais des commentaires assassins… J’aurais aimé ressentir une amélioration petit à petit ! En tout cas, même s’il est toujours désagréable pour moi d’être la seule à ne pas aimer un roman encensé par les autres, je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à lui trouver des défauts. Je te souhaite de belles lectures !!

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  2. Je suis d’accord en tout point avec ton ressenti, dès la moitié du livre j’ai du me faire violence jusqu’à la fin parce que je n’étais pas du tout transportée. Ni par les personnages, ni par les événements décrits.

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  3. C’est vraiment dommage qu’il ne t’ait pas plu, moi au contraire j’ai adoré. Mais je comprend un peu ton point de vue, pour ma part je pense que je l’ai lu au bon moment et que c’était pile de ce que j’avais besoin de lire

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    • J’étais triste de ne pas l’apprécier parce que je l’ai lu à un moment où j’avais justement envie d’une jolie histoire, légère et sans prise de tête. Mais je suis contente que tu aies apprécié cette lecture ! 🙂

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