Lorina Chattinski, « ÔFémininPointConne »

ÔFémininPointConne

10 sur 10

J’ai découvert ce livre étrange alors que je me baladais dans une librairie que j’aime beaucoup et j’ai tout de suite été intriguée : cela ressemblait à un magazine féminin, sauf que la fille en couverture ne ressemblait pas du tout aux bombasses surphotoshopées qu’on a l’habitude de voir, et que les titres accrocheurs étaient pour le moins… étranges ! Après avoir lu la quatrième de couverture, je n’ai fait ni une ni deux, et j’ai rajouté cet OLNI (entendez objet littéraire non identifié) sur l’épaisse pile de livres qui trônait déjà sur le comptoir. Je vous ai déjà dit que la curiosité est une grande qualité !

envie

Présentation de l’éditeur

Être prise pour une imbécile par la presse féminine, c’est grave? Se voir répéter par elle, chaque semaine et chaque mois, qu’on devrait acheter un tas de produits, c’est un problème? Et lire sans cesse qu’on est supposée faire tout un tas de choses pour être plus mince, plus performante, meilleure mère, meilleure épouse, meilleure au lit, plus ceci, moins cela, c’est embêtant?
Oui. Surtout quand elle vous fait payer pour ça, et que tous les magazines que vous lisez finissent par vous enfermer dans l’idée que vous, les femmes, vous avez une place clairement assignée, à laquelle vous devez rester. Si possible sans trop réfléchir, sans trop remettre en question ce business qui tire profit de vos complexes et de vos doutes.
Dans quel but? Pour mieux vous tenir en laisse, captives de cette envie de faire mieux, insécurisées, poussées à consommer. ÔFémininPointConne vous propose de tirer un peu sur la laisse. La presse féminine ne vous aime pas telle que vous êtes? Rendez-lui donc la monnaie : découvrez son vrai visage. Vous choisirez ensuite de l’aimer ou non, de la lire ou non, d’acheter ses produits ou pas.

avis

J’ai lu mon tout premier Cosmo vers 18 ans. Pendant des années, je l’ai acheté tous les mois avec un grand plaisir, jusqu’à le lâcher pour Biba, dont j’aimais mieux le ton. Mais cela fait un bout de temps que je me retrouve de moins en moins dans ces magazines qui répètent quasiment tout le temps la même chose et qui renvoient toujours la même image formatée de la femme (oui oui, LA femme, parce que « les » femmes, ça ferait un peu trop de diversité) hétérosexuelle, qui fait du 36, commence a s’inquiéter au 38, et se trouve franchement immonde en 40. Une femme idéale intelligente mais pas intello, drôle mais pas trop non-plus, sexy mais pas salope, bien épilée, maquillée, brushingée, mère (ben oui, les mères, tout le monde sait qu’il n’y a que ça de vrai) et bonne épouse, qui en plus de toutes les qualités susmentionnées, se doit d’être une amante hors-pair.

Et puis, je suis donc tombée totalement par hasard sur ce faux magazine féminin. Il en a la taille, la mise en page, les (fausses) publicités, les rubriques et le style facile à lire. Heureusement, les ressemblances s’arrêtent là. Car si ce livre reproduit les codes visuels de la presse féminine, c’est pour mieux en démonter les mécanismes. Page après page, Lorina Chattinski explique comment les magazines féminins, sous leurs airs de légèreté et leur discours ultra-culpabilisant créent des complexes chez leurs lectrices afin de les enfermer dans les carcans de ce que devrait être une femme et les pousser à la consommation massive de produits en tous genres.

Cette parodie hilarante mais sans concession lève le voile sur la presse féminine pour faire la lumière sur son absurdité en utilisant ses propres armes. Et avec beaucoup de talent, Lorina Chattinski et son équipe se moquent, avec un plaisir non dissimulé, les magazines féminins sans une once de mépris pour ses lectrices. Le livre décrypte avec un humour grinçant la manière dont Cosmo et ses semblables conditionnent les femmes pour en faire de meilleures cibles marketing. Et cette lecture est franchement jouissive.

conclusion

Intelligent et drôle, ce pamphlet rédigé et mis en page comme un magazine féminin réussi le pari d’en démonter tous les mécanismes avec humour mais sans concessions, et surtout, sans prendre les lectrices de ces magazines pour des idiotes. Une lecture jubilatoire et libératrice !

4 réflexions sur “Lorina Chattinski, « ÔFémininPointConne »

  1. J’avais vu l’image de la couverture sur le net il y a quelques semaine mais je pensais que c’était juste une parodie comme ça, je pensais pas que c’était vraiment quelque chose de publié !
    Du coup ça me donne bien envie de le lire et je pense que je le passerai volontier à mes petites soeurs !

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