Paola Predicatori, « Mon hiver à Zéroland »

 

Zéroland blog

10 sur 10

Quand j’ai vu la couverture de Mon hiver à Zéroland, j’ai été à la fois intriguée et attirée. La présentation de l’éditeur me faisait envie et « Les escales » est une maison d’édition que j’ai de plus envie de découvrir. Je n’ai pas hésité longtemps avant de me l’offrir et autant vous le dire tout de suite : je n’ai aucun regret !

envie

« Le plus terrible, ce n’est pas de perdre les personnes que l’on aime, c’est de cesser d’en parler » nous dit Alessandra, dix-sept ans, confrontée trop jeune à la perte de sa mère.

De retour au lycée après ce drame, Alessandra n’a pas la force d’affronter ses anciens amis. Elle choisit alors la compagnie de « Zéro », Gabriele de son vrai prénom, le mauvais élève, toujours en marge de la classe. Ce qu’elle aime à « Zéroland », c’est le silence et la solitude qui règnent en maîtres. Les règles y sont strictes : on ne se parle pas, on ne se regarde pas.
Par-delà les mots, une complicité fragile se noue toutefois peu à peu, et Alessandra découvre bientôt un jeune homme attentionné et passionné de dessin. Mais elle reste tiraillée entre son monde d’avant et « Zéroland », son monde avec lui, au point de mettre en danger ce qui les lie…

Une année dans la vie d’une jeune fille de 17 ans qui met son coeur en berne ou plutôt en hibernation, pour peu à peu retrouver goût à la vie au contact d’un autre coeur adolescent gelé…

avis

Si beaucoup d’adolescents vivent leur dernière année de secondaire avec passion et frénésie entre les voyages scolaires et les bals de fin d’année pleins de promesses, Alessandra ne partage pas l’enthousiasme de ses camarades de classe. À 17 ans, devenue orpheline, elle ne vit pas le joyeux deuil de l’enfance qui s’éloigne pour faire place au monde des adultes et à la liberté qui lui est communément associée. Non. Alessandra va devoir apprendre à vivre sans sa maman, sans la douce insouciance et le réconfort que lui apportait sa présence.

Comme elle craint comme la peste la pitié de ses camarades, comme elle est perdue, Alessandra décide un jour de se choisir une nouvelle place, tout au fond de la classe, à côté de Gabriele, surnommé Zéro suite aux commentaires acerbes d’un professeur quant à ses mauvais résultats scolaires. S’il est parfois l’objet de moqueries, Zéro semble totalement insensible au monde qui l’entoure, et c’est précisément ça que recherche Alessandra : de l’indifférence. Elle ne veut ni apitoiement, ni sympathie forcée. Elle n’a pas envie de faire comme si la vie reprenait déjà son cours. Dans le silence, une relation va pourtant se nouer entre les deux adolescents.

Écrit à la première personne, le roman raconte avec beaucoup de retenue et de pudeur le chemin vers la reconstruction. La narration oscille entre les souvenirs de l’adolescente avant le décès de sa maman et son histoire après. Le récit se déroule lentement, parce que ça prend du temps, de dire au revoir à la personne que l’on aimait le plus. Quand Alessandra se souvient, chaque page est emplie d’un parfum de nostalgie, mais elle évite soigneusement la mièvrerie et le pathos. Ces pages font mal mais ne sont pas larmoyantes. Quand elle revient au présent, elle distille ses sentiments, ce qu’elle percoit du monde qui l’entoure et de ses relations avec les autres. Elle ne fait pas l’analyse de tout ce qu’elle ressent, elle ne dissèque pas la vie de Gabriele pour comprendre sa distance et ses silences. Alessandra raconte, simplement. Parce qu’il n’est pas besoin de tout, absolument tout savoir sur chaque personnage pour en apprécier la saveur.

Le lien qui se tisse entre Gabriele et Alessandra est, lui aussi, raconté avec beaucoup de sensibilité, dans une pudeur qui ne fait qu’en augmenter la délicatesse. Il y a la complicité, peut-être, mais elle n’est pas toujours évidente. Il y a de la bienveillance, certainement, mais pourra-t-elle résister à toutes les épreuves ? Il y a le réconfort, les attentions ; des paroles d’argent et un silence d’or.

 

 

conclusion

Quel plaisir, de lire un livre si joliment écrit ; de découvrir une histoire dont la puissance se suffit à elle-même et est soulignée par la sobriété du texte. J’ai trouvé que ce Magnifique roman est écrit avec une très grande délicatesse. Entre la nostalgie et la lente reconstruction, ce livre m’a offert quelques heures d’une lecture très émouvante.

Une réflexion sur “Paola Predicatori, « Mon hiver à Zéroland »

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